« C’est pas moi, c’est lui » – Responsabilité et Prévention des Risques Psychosociaux
Quand je me suis lancée dans l’aventure entrepreneuriale et la prévention des RPS,
ce qui a alimenté mon moteur en énergie, c’est précisément LA RESPONSABILITE. Mais de quelle responsabilité exactement ?
La responsabilité de l’employeur, à savoir le respect de l’article L.4121-1 du Code du travail ?
Non. Même si dans les objectifs de formation, dans les accompagnements , cette responsabilité la, est intégrée évidemment principalement, car c’est une fondation, c’est un basique indiscutable.
Ce qui donne l’énergie au projet, est LA Responsabilité individuelle. A savoir, Je suis responsable de ma santé et je suis acteur(trice) du changement.
Chaque personne est l’élément d’un système ayant une vie au travail, et évoluant dans une organisation différente d’une autre. Chaque personne a une vie personnelle différente des autres. Chaque personne a une vision du monde et une perception de ce qui lui arrive différente d’une autre. Et donc chaque personne à un niveau de stress différent de l’autre.
Donc, qui mieux que chaque personne individuelle, capable d’apprécier ce dont elle a besoin, agisse.
Ce que j’observe dans notre société occidentale c’est que l’on a comme habitude de tenir les autres responsables de notre vie. « Je ne vais pas bien parce que mon manager n’est pas sympa, je ne vais pas bien parce que mes collègues ne sont pas sympas, je ne vais pas bien parce que j’ai trop de travail, je ne vais pas bien parce que mon épouse …., je ne vais pas bien parce que mon ado passe sa vie sur sa console,… »
Évidemment en France on a système légal qui protège les employés de pratiques violentes et déshumanisées. C’est une protection indiscutable. Mais cette protection ne nous empêcherait elle pas de nous protéger nous-même ? Est-ce que l’on attend pas de trop de nos institutions ? De notre manager ? De notre épouse ou mari ? De nos enfants ?
Les risques psychosociaux sont systémiques, et c’est bien l’action conjointe des actions de prévention de l’ensemble des acteurs, et des actions mises en place individuellement, qui font évoluer la prévention des RPS.
Qu’est ce qui fait qu’une personne est responsable et actrice du changement ?
Voici une histoire réelle pour illustrer, elle concerne une connaissance, Alain, aujourd’hui formateur. Dans sa jeunesse, travaillait dans un entrepôt de logistique et sa manager régulièrement s’en prenait à un logisticien de l’entrepôt. Alain me raconte qu’un matin il arrive dans l’entrepôt de l’entreprise, et sa manager déclare ouvertement « Qui, je vais secouer aujourd’hui ? ». Malheureusement Alain passe par là et a une injection autoritaire suivi d’une critique violente. Dans cette entreprise, dans cet entrepôt, depuis de nombreuses années, il y a la règle implicite que cette dame est autorisée à avoir ce comportement. Mais Alain répond dans la négation à la remarque de sa manager. Alain est ensuite convoqué dans le bureau de la Direction, à qui il explique qu’il n’a pas l’habitude de ne pas se faire respecter, et il décrit les faits. Ceci a été l’élément déclencheur d’un rappel du cadre, et l’arrêt de des comportements négatifs de la part du manager. Sans la réponse de Alain, ce manager fonctionnerait certainement encore comme cela aujourd’hui, et le personnel de l’entrepôt continuerait de subir.
L’assertivité est une compétence clef pour accéder à l’action de préservation. Qui va positivement influencer le système. Elle va de pair avec l’application des principes de communication non violents, ainsi que la confiance et l’estime de soi.
A contrario,
Qu’est ce qui fait qu’un personne rejette la responsabilité et est en colère ?
Tout d’abord ses valeurs sont bafouées (Justice, reconnaissance..). Ensuite, ses ressources et capacité liées à l’assertivité sont peu développées.
Une autre histoire, Laura, salariée, avait eu par répétition des comportements considérés comme violents (verbale et non verbale). Cette personne était dans la colère. Le mal-être au travail. Ce n’est pas que le stress, ce n’est pas que la dépression qui sont des troubles psychosociaux. Mais c’est aussi la colère, qui génère d’autres risques pour les autres en interaction. Un acteur de la prévention a proposé un accompagnement individuel à Laura. Qui a accepté. Dans cette situation, le problème était à l’intersection entre l’organisation qui nécessitait un changement, et la personne (Laura) qui ne gérait pas sa colère. Cette accompagnement a permis à Laura d’être plus positive dans son travail, ses collaborateurs ont pu travailler plus sereinement (j’en faisais partie). Le changement de l’organisation quant à lui a été plus long. Dans cette situation , c’est bien la responsabilité individuelle qui a permis de débloquer la situation et bien sûr l’ouverture d’esprit et la volonté des acteurs de la prévention.
Une dernière anecdote qui me concerne : je suis à une réunion budget avec la direction. Je suis enceinte, à une semaine de l’annoncer. Ma direction est visiblement insatisfaite de moi, puisque pendant 1h30, la personne en face de moi me regarde droit dans les yeux, en me montrant du doigts, et en me disant à plusieurs reprise « vous n’êtes pas capable, je ne vous donnerai aucun budget ». Aucune réaction des 2 personnes qui étaient avec moi, aucune réaction de moi-même. Je n’ai pas pris MA responsabilité. Je suis resté figée, mon cerveau reptilien m’a fait me figer, ne rien dire. J’avais cette peur liée à la sécurité, c’est à dire la peur de perdre mon emploi.
Notre cerveau reptilien est là entre autre pour nous protéger. Mais notre société a évolué plus vite que notre cerveau. C’est à dire qu’il continue de nous protéger comme si nous vivions encore dans une caverne attaquée par des ours. Donc soit il nous fait fuir, soit il nous fait attaquer, ou soit il nous inhibe. Quel que soit la réaction, les personnes en interaction ou l’organisation, continuent de dysfonctionner, car rien ne peut déclencher un changement. Seule les personnes ayant de l’estime, ayant une grande confiance et de l’assertivité s’en sortent. On est d’accord que c’est ici, que la prévention mis en place par l’entreprise rentre en jeu. Sauf que celle-ci est imparfaite comme nous tous.
Les solutions – Prévention des RPS
La formation et l’accompagnement individuel et collectif permet d’outiller les personnes pour gagner en confiance, en estime de soi, et en assertivité, grâce à la communication non violente. Dire avec calme à l’autre ce que vous ressentez, et que ce n’est pas OK pour vous, peut tout changer.
Et même si vous déclenchez un conflit, cela peut être l’élément déclencheur du changement. Le conflit est une opportunité de changement. Le conflit est donc positif.
Il y a aussi d’autres outils comme l’approche systémique. L’approche systémique vise à faire évoluer les jeux de relations entre les personnes. Elle vise à identifier ce qui dysfonctionne, ce qui est redondant en terme de comportement, et communication entre des personnes. Cet outil performant contribue à la prévention des RPS. Il permet à une personne de changer son comportement, ce qui va induire le changement de comportement de l’autre. De façon écologique pour la personne qui est dans l’accompagnement, et pour la ou les personnes qui sont en interaction.
Quel que soit le facteur de risque (Exigence du travail, Exigence émotionnelle, Autonomie, Rapports sociaux et relations de travail, Conflits de valeur, Insécurité socio-économique), La prise de responsabilité de SA santé, couplée de ressources en assertivité et communication, ceci pour agir, peuvent permettre d’influencer positivement les systèmes.
Céline Masay
ACT Conseil
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